(Bernadette Sauvaget, Libération) Largement diffusée sur les réseaux sociaux de la Conférence des évêques de France, une vidéo, montrant un prêtre en soutane dans le stade vide, oscille entre la faute de goût, l’appel du pied aux traditionalistes et la bourde de communication. -- Les premiers plans se veulent très esthétisants. La caméra suit une paire de chaussures noires. D’un pas décidé, l’abbé à peine quadragénaire monte des escaliers. De la même couleur noire, la soutane bien mise en valeur est à la bonne longueur pour ne pas ramasser la poussière. Diffusé, il y a quelques jours, sur les réseaux sociaux de la Conférence des évêques de France (CEF), le clip vidéo a été tourné au stade Vélodrome de Marseille, là où le pape François présidera, samedi prochain, une messe géante devant 60 000 personnes. «Aujourd’hui le stade est vide. Mais le 23 septembre, ce sera une autre affaire», explique le jeune abbé ensoutané, bien coiffé et plutôt photogénique, assis seul au milieu des gradins.
Piratage ou «fake»
Encore une fois, la soutane noire se détache très bien à l’image, saturée de sièges blancs et vides. Dans la vraie vie, Don «Soutanillo» s’appelle Romain Louge. Dans le jargon catholique, il est cérémoniaire du cardinal Jean-Marc Aveline, l’archevêque de Marseille, c’est-à-dire qu’il organise le protocole des cérémonies religieuses. En ce moment, Louge est donc celui qui travaille avec les services du Vatican pour organiser la messe géante du pape.
Quand les services de la CEF ont mis en ligne le clip en question, il y a une petite semaine, beaucoup de catholiques ont d’abord cru à un piratage ou à un fake. Mais non ! «Il s’agit d’une campagne d’appel aux dons de la CEF, réalisée en étroite collaboration avec l’archidiocèse de Marseille, a confirmé à Libération la communicante en chef des évêques, Diane Pilotaz. Elle est relayée par de nombreux diocèses, mouvements et associations.»
«Rétrograde et mortifère»
«Ils sont dingos», commentait-on, ici ou là, dans des boucles WhatsApp. Sur X (ex-Twitter), les commentaires abondaient dans le même sens. «Le retour en force du cléricalisme abscons, rétrograde et mortifère», lâchait une catholique, très militante. «Mais c’est quoi ce mannequin en soutane», s’interrogeait un autre. «Que des jeunes prêtres veuillent se mettre en soutane, soit. Mais que l’Eglise catholique fasse le choix de la soutane pour cette promo me désole. Ce n’est pas en flattant la nostalgie que ça ira mieux», taclait un troisième. Plus décontracté et sur le mode de l’humour, un internaute s’interroge sur «ces nouveaux dieux du stade».
Cette levée de goupillons et d’indignation a été suscitée par la soutane ultra-voyante de Romain Louge, devenu à lui seul par la grâce de cette vidéo, le symbole du catholicisme français. Porté jusqu’aux années 70 et délaissé par la suite par les prêtres, cet habit religieux opère un retour en force parmi les jeunes générations de prêtres. La soutane est devenue un marqueur fort du catholicisme identitaire, voire traditionaliste, allant souvent de pair avec une affection prononcée pour la messe en latin ; ce n’est plus celle plutôt sympathique portée par Don Camillo, symbole du bon vieux curé de campagne. «A Marseille, il n’y a guère que Romain Louge à porter la soutane», s’insurge un prêtre du cru. Quelques jours avant l’arrivée du pape, peu porté, lui, sur les revendications identitaires du catholicisme, la faute de goût vire à la grosse bourde de communication.
Piratage ou «fake»
Encore une fois, la soutane noire se détache très bien à l’image, saturée de sièges blancs et vides. Dans la vraie vie, Don «Soutanillo» s’appelle Romain Louge. Dans le jargon catholique, il est cérémoniaire du cardinal Jean-Marc Aveline, l’archevêque de Marseille, c’est-à-dire qu’il organise le protocole des cérémonies religieuses. En ce moment, Louge est donc celui qui travaille avec les services du Vatican pour organiser la messe géante du pape.
Quand les services de la CEF ont mis en ligne le clip en question, il y a une petite semaine, beaucoup de catholiques ont d’abord cru à un piratage ou à un fake. Mais non ! «Il s’agit d’une campagne d’appel aux dons de la CEF, réalisée en étroite collaboration avec l’archidiocèse de Marseille, a confirmé à Libération la communicante en chef des évêques, Diane Pilotaz. Elle est relayée par de nombreux diocèses, mouvements et associations.»
«Rétrograde et mortifère»
«Ils sont dingos», commentait-on, ici ou là, dans des boucles WhatsApp. Sur X (ex-Twitter), les commentaires abondaient dans le même sens. «Le retour en force du cléricalisme abscons, rétrograde et mortifère», lâchait une catholique, très militante. «Mais c’est quoi ce mannequin en soutane», s’interrogeait un autre. «Que des jeunes prêtres veuillent se mettre en soutane, soit. Mais que l’Eglise catholique fasse le choix de la soutane pour cette promo me désole. Ce n’est pas en flattant la nostalgie que ça ira mieux», taclait un troisième. Plus décontracté et sur le mode de l’humour, un internaute s’interroge sur «ces nouveaux dieux du stade».
Cette levée de goupillons et d’indignation a été suscitée par la soutane ultra-voyante de Romain Louge, devenu à lui seul par la grâce de cette vidéo, le symbole du catholicisme français. Porté jusqu’aux années 70 et délaissé par la suite par les prêtres, cet habit religieux opère un retour en force parmi les jeunes générations de prêtres. La soutane est devenue un marqueur fort du catholicisme identitaire, voire traditionaliste, allant souvent de pair avec une affection prononcée pour la messe en latin ; ce n’est plus celle plutôt sympathique portée par Don Camillo, symbole du bon vieux curé de campagne. «A Marseille, il n’y a guère que Romain Louge à porter la soutane», s’insurge un prêtre du cru. Quelques jours avant l’arrivée du pape, peu porté, lui, sur les revendications identitaires du catholicisme, la faute de goût vire à la grosse bourde de communication.