(Bernadette Sauvaget, Libération) Selon les informations de «Libé», l’enquête préliminaire ouverte contre l’ancien archevêque de Paris concerne sa relation entretenue au début des années 2010 avec une femme nommée «Colette» dans la presse, qui a précipité son départ en 2021 -- Y a-t-il une nouvelle affaire Michel Aupetit, l’ancien archevêque de Paris, contraint il y a un peu plus d’un an à la démission? L’annonce, la semaine dernière, de l’ouverture d’une enquête préliminaire pour agression sexuelle sur personne vulnérable concernant le prélat a jeté, à nouveau, le trouble dans les milieux catholiques. Selon les informations concordantes recueillies par Libération, le signalement opéré fin novembre 2022 par le diocèse de Paris auprès du parquet de Paris concerne en réalité la relation entretenue au début des années 2010 par Michel Aupetit avec une femme appelée «Colette» dans la presse et qui a précipité le départ d’Aupetit. «Il ne s’agit pas d’une autre affaire», précise une source proche de ce dossier afin de lever toute ambiguïté.
A l’automne 2021, le pape François avait accepté la démission de Michel Aupetit de ses fonctions d’archevêque de Paris, la chute du prélat étant liée à l’affaire «Colette», révélée le 22 novembre par l’hebdomadaire le Point. Il s’agissait d’un échange de mails, datant de 2012 et accompagné de photos, suggérant une relation intime entre Michel Aupetit et une femme. A l’automne 2021, le prélat, un ancien médecin qui a fait une carrière fulgurante dans l’Eglise catholique, avait, lui, reconnu un comportement ambigu mais nié avoir entretenu une liaison.
Massage en lieu privé
Archevêque de Paris depuis 2017, Michel Aupetit était, par ailleurs, de plus en plus contesté en raison d’un management très brutal. A cause de ses décisions, souvent prises sans concertation, l’ancien médecin s’était également mis à dos des franges très diverses du catholicisme parisien.
Pourquoi l’affaire Aupetit a-t-elle ressurgi au début de cette année ? Et pourquoi le diocèse de Paris a-t-il procédé à ce signalement auprès de la justice un an après sa chute ? Selon une source proche du dossier, les autorités ecclésiastiques à Paris, après avoir pris conseil, ont considéré la démarche nécessaire car la femme concernée est sous protection judiciaire, placée sous curatelle ou sous tutelle, sans que cela ne soit éclairci. De ce fait, elle peut être considérée, aux yeux du droit, comme personne vulnérable.
D’après des informations confirmées à Libération, Michel Aupetit avait proposé, lorsqu’ils se fréquentaient au début des années 2010, à «Colette», qui se plaignait d’un mal de dos, de lui faire un massage. Cela avait s’était produit dans un lieu privé et une photo de la scène avait été prise. Lors d’une conférence de presse, le 6 décembre 2021, le pape François, interrogé par des journalistes sur l’affaire Aupetit, avait lui-même évoqué cette affaire de massage.
Discrédit grandissant
En fait, le signalement du diocèse de Paris intervient dans un contexte très troublé pour l’Eglise catholique en France. Depuis l’automne dernier, plusieurs anciens évêques ont été mis en cause pour des affaires de violences sexuelles ou de manquements dans des signalements à la justice. Par prudence, le nouvel archevêque de Paris aurait transmis le dossier au parquet afin que le consentement de «Colette» soit établi.
«De façon générale, Michel Aupetit est d’une grande sérénité. Il n’a rien à se reprocher», déclare à Libération son avocat, Me Jean Reinhart. Le conseil de l’archevêque émérite précise qu’il ne connaît pas ce qui a motivé le signalement. «J’ai fait une démarche auprès de l’archevêché qui a transmis au parquet», explique-t-il.
Pour le moment, selon son avocat, Aupetit a gardé, à Rome, ses fonctions au très stratégique dicastère des évêques, l’un des principaux «ministères» de la curie romaine en charge du choix des évêques à travers le monde. Un autre prélat français y siège également, l’archevêque de Marseille, Jean-Marc Aveline, devenu cardinal fin août 2022. Sans fonction officielle au sein de l’Eglise catholique, Michel Aupetit a, pour le moment, entrepris un tour de France auprès de communautés engagées avec des personnes vivant dans la grande pauvreté.
Depuis sa chute, l’archevêque émérite de Paris est de plus en plus marginalisé. Dans le catholicisme français, son discrédit s’est accentué après la publication d’un tweet au sujet de l’affaire Michel Santier. «Pourquoi de si nombreuses personnes aiment fouiller dans les poubelles ?» s’interrogeait le prélat, dans une allusion aux journalistes qui avaient révélé les turpitudes et les sanctions prises contre l’ancien évêque de Créteil, adepte de «strip confessions». Dans la foulée, un hashtag #SortonsLesPoubelles avait fleuri sur les réseaux sociaux, le cri de ralliement de la base catholique demandant des comptes à la hiérarchie à la suite des révélations de violences sexuelles impliquant des évêques.
A l’automne 2021, le pape François avait accepté la démission de Michel Aupetit de ses fonctions d’archevêque de Paris, la chute du prélat étant liée à l’affaire «Colette», révélée le 22 novembre par l’hebdomadaire le Point. Il s’agissait d’un échange de mails, datant de 2012 et accompagné de photos, suggérant une relation intime entre Michel Aupetit et une femme. A l’automne 2021, le prélat, un ancien médecin qui a fait une carrière fulgurante dans l’Eglise catholique, avait, lui, reconnu un comportement ambigu mais nié avoir entretenu une liaison.
Massage en lieu privé
Archevêque de Paris depuis 2017, Michel Aupetit était, par ailleurs, de plus en plus contesté en raison d’un management très brutal. A cause de ses décisions, souvent prises sans concertation, l’ancien médecin s’était également mis à dos des franges très diverses du catholicisme parisien.
Pourquoi l’affaire Aupetit a-t-elle ressurgi au début de cette année ? Et pourquoi le diocèse de Paris a-t-il procédé à ce signalement auprès de la justice un an après sa chute ? Selon une source proche du dossier, les autorités ecclésiastiques à Paris, après avoir pris conseil, ont considéré la démarche nécessaire car la femme concernée est sous protection judiciaire, placée sous curatelle ou sous tutelle, sans que cela ne soit éclairci. De ce fait, elle peut être considérée, aux yeux du droit, comme personne vulnérable.
D’après des informations confirmées à Libération, Michel Aupetit avait proposé, lorsqu’ils se fréquentaient au début des années 2010, à «Colette», qui se plaignait d’un mal de dos, de lui faire un massage. Cela avait s’était produit dans un lieu privé et une photo de la scène avait été prise. Lors d’une conférence de presse, le 6 décembre 2021, le pape François, interrogé par des journalistes sur l’affaire Aupetit, avait lui-même évoqué cette affaire de massage.
Discrédit grandissant
En fait, le signalement du diocèse de Paris intervient dans un contexte très troublé pour l’Eglise catholique en France. Depuis l’automne dernier, plusieurs anciens évêques ont été mis en cause pour des affaires de violences sexuelles ou de manquements dans des signalements à la justice. Par prudence, le nouvel archevêque de Paris aurait transmis le dossier au parquet afin que le consentement de «Colette» soit établi.
«De façon générale, Michel Aupetit est d’une grande sérénité. Il n’a rien à se reprocher», déclare à Libération son avocat, Me Jean Reinhart. Le conseil de l’archevêque émérite précise qu’il ne connaît pas ce qui a motivé le signalement. «J’ai fait une démarche auprès de l’archevêché qui a transmis au parquet», explique-t-il.
Pour le moment, selon son avocat, Aupetit a gardé, à Rome, ses fonctions au très stratégique dicastère des évêques, l’un des principaux «ministères» de la curie romaine en charge du choix des évêques à travers le monde. Un autre prélat français y siège également, l’archevêque de Marseille, Jean-Marc Aveline, devenu cardinal fin août 2022. Sans fonction officielle au sein de l’Eglise catholique, Michel Aupetit a, pour le moment, entrepris un tour de France auprès de communautés engagées avec des personnes vivant dans la grande pauvreté.
Depuis sa chute, l’archevêque émérite de Paris est de plus en plus marginalisé. Dans le catholicisme français, son discrédit s’est accentué après la publication d’un tweet au sujet de l’affaire Michel Santier. «Pourquoi de si nombreuses personnes aiment fouiller dans les poubelles ?» s’interrogeait le prélat, dans une allusion aux journalistes qui avaient révélé les turpitudes et les sanctions prises contre l’ancien évêque de Créteil, adepte de «strip confessions». Dans la foulée, un hashtag #SortonsLesPoubelles avait fleuri sur les réseaux sociaux, le cri de ralliement de la base catholique demandant des comptes à la hiérarchie à la suite des révélations de violences sexuelles impliquant des évêques.