(Jean-Marie Guénois, Le Figaro) ANALYSE - Dans une lettre apostolique, il confirme que l’Église ne reconnaît que la liturgie du concile Vatican II. -- Cap sur une Église «synodale », sans retour possible à la liturgie ancienne, dont «l’unique expression» demeurera celle du concile Vatican II. Le pape François, 85 ans, a choisi le 29 juin, jour de la fête de Saint-Pierre et Saint-Paul, particulièrement célébrée à Rome, pour marteler publiquement ces deux messages qui sont les clés de son pontificat.
Il veut d’abord en finir avec le centralisme et le cléricalisme pour édifier une Église démocratique et décentralisée, «ouverte à tous». «Tutti», le mot est revenu dix fois dans son homélie très musclée, parfois improvisée, qu’il a prononcée devant les 44 nouveaux archevêques de l’année. Dont quatre Français: Mgr de Kerimel (Toulouse), Mgr Hérouard (Dijon), Mgr Ulrich (Paris) et Mgr Vesco, un dominicain français, archevêque d’Alger.
Dans la perspective du synode mondial sur la synodalité, qui doit réformer la gouvernance de l’Église, François a fustigé «les nombreuses résistances intérieures qui nous empêchent de nous mettre en mouvement». Souvent par «paresse», «tiédeur», «médiocrité spirituelle» ou bien quand «certains restent assis à contempler les quelques choses sûres que nous possédons», en «vivotant» comme «repliés sur eux-mêmes».
Or le catholicisme n’est pas «une religion de cérémonies et de dévotions», a-t-il lancé en s’opposant à « la perversion» du «cléricalisme», qui toucherait aussi «les laïcs cléricaux». La solution pour le pape est donc une Église «sans chaîne et sans murs» avec des «portes ouvertes à tous» pour inclure et non pour «congédier ou condamner les gens».
D’où le recours à la «synodalité» que François a ainsi définie: «Une Église où l’on cultive l’art de l’écoute, du dialogue, de la participation, sous l’unique autorité du Saint-Esprit». Avec cette synthèse: «Une Église en processus synodal signifie que tous participent, personne à la place de l’autre, ni au-dessus de l’autre. Il n’y a pas de chrétiens de première et de deuxième classe, tous, tous, sont appelés.» Il insiste: «Ne tombons pas dans l’arrièrisme, cet arrièrisme de l’Église qui est à la mode aujourd’hui.» Une critique qu’il développe dans le second message de cette journée, après la messe, sous la forme d’une longue lettre apostolique, élégamment intitulée Desiderio desideravi, «J’ai désiré d’un grand désir», extrait d’une phrase du Christ rapportée par l’Évangile de Luc au moment de la Cène.
Signée par François, cette lettre de 65 articles - à l’autorité équivalente d’une lettre encyclique mais dont l’objet est plus restreint - entend mettre un point final aux «polémiques» sur la question du rite de la messe, déclenchées le 16 juillet 2021. François, par décret, avait alors drastiquement restreint la célébration de la messe selon l’ancien rite, pourtant réhabilité par Benoît XVI à titre «extraordinaire». Cette décision de François avait été très contestée dans les milieux traditionalistes, mais aussi bien au-delà, car elle contredisait l’esprit même du pontificat de Benoît XVI qui entendait réconcilier tradition et modernité.
Avec cette nouvelle lettre apostolique, François coupe définitivement toute discussion sur la messe. Parce que ce n’est pas une question de «divergence de sensibilités», explique-t-il, mais de vision d’Église, «d’ecclésiologie»: «Je ne vois pas comment on peut dire que l’on reconnaît la validité du concile Vatican II - bien que je m’étonne qu’un catholique puisse prétendre ne pas le faire - et ne pas accepter la réforme liturgique.»
Marginalisation de la «messe en latin»
Ainsi, «l’unique expression de lex orandi du rite romain» est celle qui est «conforme aux décrets du concile Vatican II». La lettre apostolique de François finit de marginaliser la messe selon le rite tridentin, improprement appelée «messe en latin», au profit de la messe dite Paul VI. Il appelle notamment à une «formation liturgique» pour que tous en saisissent le sens profond.
Le document très charpenté et théologique n’aborde pas la conception centrale de la «présence réelle» eucharistique. Le pape invite à «redécouvrir, sauvegarder, vivre la vérité et la force de la célébration chrétienne» et non à la «défigurer» ou, «pire», à «l’instrumentaliser au service d’une vision idéologique, quelle qu’elle soit».
La liturgie n’est ni «moralisme ascétique» ni «esthétisme rituel», encore moins «banalité débraillée». Et plutôt que de critiquer la perte du «sens du mystère», François invite à vivre «l’émerveillement pour le mystère pascal rendu présent dans les signes sacramentels». En intégrant «l’action symbolique», une «caractéristique essentielle de l’acte liturgique». Et en prenant conscience - c’est le cœur de son argumentation - que l’Église, qui est le «sacrement du Christ», a lié de façon «inséparable» les enseignements du concile Vatican II à la réforme de la liturgie. L’Église «ne peut donc pas revenir à la forme rituelle» ancienne. Ite misa est.
Il veut d’abord en finir avec le centralisme et le cléricalisme pour édifier une Église démocratique et décentralisée, «ouverte à tous». «Tutti», le mot est revenu dix fois dans son homélie très musclée, parfois improvisée, qu’il a prononcée devant les 44 nouveaux archevêques de l’année. Dont quatre Français: Mgr de Kerimel (Toulouse), Mgr Hérouard (Dijon), Mgr Ulrich (Paris) et Mgr Vesco, un dominicain français, archevêque d’Alger.
Dans la perspective du synode mondial sur la synodalité, qui doit réformer la gouvernance de l’Église, François a fustigé «les nombreuses résistances intérieures qui nous empêchent de nous mettre en mouvement». Souvent par «paresse», «tiédeur», «médiocrité spirituelle» ou bien quand «certains restent assis à contempler les quelques choses sûres que nous possédons», en «vivotant» comme «repliés sur eux-mêmes».
Or le catholicisme n’est pas «une religion de cérémonies et de dévotions», a-t-il lancé en s’opposant à « la perversion» du «cléricalisme», qui toucherait aussi «les laïcs cléricaux». La solution pour le pape est donc une Église «sans chaîne et sans murs» avec des «portes ouvertes à tous» pour inclure et non pour «congédier ou condamner les gens».
D’où le recours à la «synodalité» que François a ainsi définie: «Une Église où l’on cultive l’art de l’écoute, du dialogue, de la participation, sous l’unique autorité du Saint-Esprit». Avec cette synthèse: «Une Église en processus synodal signifie que tous participent, personne à la place de l’autre, ni au-dessus de l’autre. Il n’y a pas de chrétiens de première et de deuxième classe, tous, tous, sont appelés.» Il insiste: «Ne tombons pas dans l’arrièrisme, cet arrièrisme de l’Église qui est à la mode aujourd’hui.» Une critique qu’il développe dans le second message de cette journée, après la messe, sous la forme d’une longue lettre apostolique, élégamment intitulée Desiderio desideravi, «J’ai désiré d’un grand désir», extrait d’une phrase du Christ rapportée par l’Évangile de Luc au moment de la Cène.
Signée par François, cette lettre de 65 articles - à l’autorité équivalente d’une lettre encyclique mais dont l’objet est plus restreint - entend mettre un point final aux «polémiques» sur la question du rite de la messe, déclenchées le 16 juillet 2021. François, par décret, avait alors drastiquement restreint la célébration de la messe selon l’ancien rite, pourtant réhabilité par Benoît XVI à titre «extraordinaire». Cette décision de François avait été très contestée dans les milieux traditionalistes, mais aussi bien au-delà, car elle contredisait l’esprit même du pontificat de Benoît XVI qui entendait réconcilier tradition et modernité.
Avec cette nouvelle lettre apostolique, François coupe définitivement toute discussion sur la messe. Parce que ce n’est pas une question de «divergence de sensibilités», explique-t-il, mais de vision d’Église, «d’ecclésiologie»: «Je ne vois pas comment on peut dire que l’on reconnaît la validité du concile Vatican II - bien que je m’étonne qu’un catholique puisse prétendre ne pas le faire - et ne pas accepter la réforme liturgique.»
Marginalisation de la «messe en latin»
Ainsi, «l’unique expression de lex orandi du rite romain» est celle qui est «conforme aux décrets du concile Vatican II». La lettre apostolique de François finit de marginaliser la messe selon le rite tridentin, improprement appelée «messe en latin», au profit de la messe dite Paul VI. Il appelle notamment à une «formation liturgique» pour que tous en saisissent le sens profond.
Le document très charpenté et théologique n’aborde pas la conception centrale de la «présence réelle» eucharistique. Le pape invite à «redécouvrir, sauvegarder, vivre la vérité et la force de la célébration chrétienne» et non à la «défigurer» ou, «pire», à «l’instrumentaliser au service d’une vision idéologique, quelle qu’elle soit».
La liturgie n’est ni «moralisme ascétique» ni «esthétisme rituel», encore moins «banalité débraillée». Et plutôt que de critiquer la perte du «sens du mystère», François invite à vivre «l’émerveillement pour le mystère pascal rendu présent dans les signes sacramentels». En intégrant «l’action symbolique», une «caractéristique essentielle de l’acte liturgique». Et en prenant conscience - c’est le cœur de son argumentation - que l’Église, qui est le «sacrement du Christ», a lié de façon «inséparable» les enseignements du concile Vatican II à la réforme de la liturgie. L’Église «ne peut donc pas revenir à la forme rituelle» ancienne. Ite misa est.